Les ouvre-bouches sont désignés différemment selon les époques. Originairement dilatatoires, ils deviennent au XVIIIe siècle, speculum oris, terme également attribué aux abaisse-langues. Ce sont cependant deux instruments différents par leur forme et leur destination. Tous deux conçus pour l’ouverture de la bouche, l’ouvre-bouche sert tout particulièrement à forcer l’ouverture buccale pour nourrir le malade, l’abaisse-langue sert à maintenir la langue en position basse pour une meilleure visibilité et un meilleur accès d’intervention.
Deux premiers dilatatoires apparaissent représentés chez Ambroise Paré (1510-1590).
Pierre Florenz Heister (1683-1768) invente un ouvre-bouche à vis avec des plateaux qui s’écartent comme les branches de ciseaux. Il était destiné à l’alimentation des enfants présentant une fente palatine avant leur intervention chirurgicale.
Une utilisation cruelle sur les navires négriers
« On trouvait sur les navires un instrument, appelé spéculum oris, dont Thomas Clarkson (1760-1846), l’abolitionniste, acheta un exemplaire à Liverpool… Cet instrument était un ouvre bouche, une sorte de ciseau qu’on employait pour l’introduire entre les dents et obliger le Noir à manger. Le docteur Isaac Wilson, chirurgien de la Navy, raconte le traitement subi par un jeune noir qui refusait de manger à bord de l’Elisabeth : «On employa la douceur pour le persuader à manger…Il serrait tellement les dents qu’il était impossible d’introduire quoi que ce fut dans sa bouche. On tenta ensuite le spéculum oris… Il résista encore quatre ou cinq jours quand on le ramena mort.»
Extrait du « Le Dieu noir », de Dibombari Mbock, Editeur Kiyikaat 2010
À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, ces instruments sont employés en anesthésie générale, en ORL et en chirurgie dentaire.