En France, la toge universitaire ou robe universitaire a fait l’objet d’une réglementation qui évolua constamment du XIIIe au XVIIIe siècle. Au XIVe siècle, la robe devient courte. Jugée licencieuse, les universités choisissent de conserver leur ancienne robe. Les docteurs des facultés de droit portent les costumes anciens et traditionnels avec la chape rouge, le chaperon (ancienne coiffure formée d’une bande d’étoffe, ancêtre de l’épitope) fourré d’hermine, le bonnet rond qui avait la forme du « camauro » pontifical.
Napoléon généralise et uniformise le type de toge. En 1804, les trois rangs de fourrure sur l’épitope distinguent les docteurs et les différentes disciplines sont individualisées par des couleurs particulières aux disciplines du doctorat : rouge écarlate pour les juristes, rouge cramoisi pour les médecins, amarante pour les scientifiques, jonquille pour les littéraires, violet pour les théologiens, rouge saumon pour les pharmaciens et mauve pour les dentistes.
La robe universitaire est portée par tous les universitaires, qu’ils soient enseignants ou administrateurs. C’est un costume officiel « défini par la norme administrative et légalement protégé « .
Au XXe siècle, elle est moins portée qu’autrefois. Depuis mai 1968 son port est largement tombé en désuétude, sauf dans quelques universités dont la Faculté de droit de Rennes.
Depuis quelques années, la robe réapparaît progressivement et est portée à quelques occasions, comme les soutenances de thèses, les cérémonies de rentrée universitaire ou attribution de grades universitaires, de décorations ou de titre honorifiques.
De nos jours, le port des toges universitaires est toujours régi par le décret sur le costume des titulaires et officiers de l’université impériale du 31 juillet 1809.
Ce costume universitaire a été porté par Jacques Bourguet (1916-2002), professeur titulaire de clinique ORL et chirurgie maxillo-faciale à l’U.E.R. Médicales et Pharmaceutiques de l’Université de Rennes (en 1979).
Le Pr Jacques Bourguet est né en 1916 à Toulouse. Son père, médecin ORL lui-même, le destinait déjà tout jeune à marcher sur ses pas. C’est ainsi que dès l’âge de 13 ans, il emmenait son fils à la Faculté de Médecine où il exerçait les fonctions de prosecteur pour le faire assister à des séances de dissection. Ayant grandi dans cet environnement médical, c’est tout naturellement qu’il entreprit des études de médecine qui devaient le conduire à l’internat des Hôpitaux de Paris. C’est à l’AP-HP, durant l’occupation, qu’il poursuivit son internat puis son assistanat en ORL. C’est durant cette période qu’il fit la connaissance d’une jeune étudiante externe qui devait devenir son épouse et avec laquelle ils eurent 6 enfants. À la libération on leur proposa de venir à Rennes. À l’époque Rennes ne possédait qu’une École de Médecine de plein exercice mais le projet existait d’y créer une Faculté. Il n’existait pas de chaire d’ORL. Le professeur Bourguet arriva donc à Rennes en 1947 et fut nommé professeur agrégé en ORL quelques années plus tard lors de la création de la Faculté de Médecine. Il créa le service d’ORL à l‘hôpital public, service initialement hébergé dans le pavillon Bernard à l’Hôtel Dieu. Avant la loi Debré, les praticiens n’exerçaient pas à plein temps à l’hôpital. Le Pr Bourguet disposait donc d’un cabinet en ville et intervenait aussi à la Clinique St Vincent créée quelques années auparavant par le Pr Eugène Marquis (celui-là même qui créa le Centre de lutte contre le Cancer qui porte son nom ainsi que l’École d’infirmières).
En 1968 la loi Debré créant les CHU, le Pr Bourguet opta pour le plein temps hospitalier. Il devait alors intégrer le tout nouveau service ORL situé au 6e étage du bloc de Pontchaillou. Jusqu’à sa retraite en 1981, le Pr Bourguet exerça les fonctions de chef de service et contribua à la formation de nombreux internes et assistants. L’un de ses élèves, le Pr Julien Bourdinière devait assurer sa succession.
Le Pr Bourguet s’est beaucoup intéressé aux problèmes d’audition. Avec la communauté de religieuses de Rillé à Fougères il a créé le Centre de Rééducation de l’ouïe et de la parole qui a accueilli de nombreux enfants sourds et muets. A ce Centre s’est adjoint plusieurs années plus tard la première école d’orthophonistes de l’Ouest.
Le Pr Bourguet était membre de l’Académie de Médecine et Chevalier de la Légion d’Honneur
(Patrick Bourguet juin 2020)
